dimanche 22 juin 2008

ULTIMO CAPITULO: La Paz - Buenos Aires

L'itinéraire et les images
Bolivia - Argentina



La fin de l'histoire.. Sorti de La Paz, j'ai roulé sur l'Altiplano plein sud pendant quelques jours, pour atteindre par routes et par pistes, l'incroyable Salar d'Uyuni, la plus grande étendue plate saline du monde, un rêve de cyclonaute à 3700 mètres; Une route immaculée dans toutes les directions et pour ainsi dire sans trafic.. grand moment de voyage, de liberté à perte de vue! Ensuite depuis le bled d'Uyuni, j'ai choisi d'échapper à la piste défoncée qui file sur l'Argentine en faisant quelques centaines de kilomètres en train jusqu'à Villazón, ville frontière tout au sud de la Bolivie. J'ai eut de la chance, le convoi n'a déraillé qu'avant que je le prenne, donc quelques heures d'attente imprévues, mais un voyage splendide, à travers monts et vallées boliviens. L'excitation d'atteindre la dernière frontière m'a fait oublié que c'était le premier tronçon de voyage effectué autrement qu'à la force du mollet.. Arrivé en Argentine, plein sud, la route perd doucement de l'altitude dans une géologie spectaculaire, la Quebrada d'Humuaca, avec arrivée à Jujuy, première vraie ville tout au nord de l'Argentine. Depuis là, plutôt que de descendre tout de suite sur les autoroutes plates et rectilignes de la Pampa, j'ai choisi de longer encore un peu les contreforts andins, jusqu'à Salta, puis la Quebrada de Cafayate jusqu'à la ville du même nom. L'occasion de quelques dernières remontées et redescente jusqu'à passer à Tafi del Valle. Et puis il a bien fallu s'engager sur le plat, cet incroyable accélérateur de vent pour lequel vous priez qu'il soit plutôt pas trop contre.. J'ai fait la ruta 158 jusqu'à Cordoba, deuxième ville d'Argentine en terme de population. C'est là que pendant les quelques jours de pause, l'hiver est venu d'un coup.. Ensuite direction Rosario, troisième ville d'Argentine, au bord du Rio Parana, où les cargos qui naviguent sur le fleuve m'ont fait sentir que cette fois-ci j'étais proche de retrouver le côté atlantique d'Amérique du sud.. Et pour finir, dans un dernier coup de pédale sur la ruta 8, j'ai atteins Buenos Aires, ultime étape, ville dans laquelle mon père est né et a vécu une partie de son enfance, après que mes grands-parents y aient émigré dans les années trente. Ville que je n'avais jamais vue, et dont j'avais pourtant les images des récits de la famille. Un peu moins de deux semaines pour poser définitivement le vélo, pour parcourir la ville riche de culture, de lieu, et d'urbanité à l'européenne.. Merci à mes amis Nacho et Belem, rencontré à Panama quelques mois en arrière, pour leur accueil!

Un très grand MERCI à vous tous qui m'avez aidé, soutenu et encouragé pour parcourir ce bel itinéraire. Je vous embrasse fort depuis la Suisse, ou je suis arrivé il y a deux jours. Pour une réadaptation par la force des choses...

En attendant je vous salue bien bas, et je me réjouis déjà de la prochaine renaissance dans quelques mois ou années, qui sait.., de n'amasse pas mousse en route pour d'autres horizons...

dimanche 8 juin 2008

BUENOS AIRES!

Kilomètre 12374, arrivée dans la capitale fédérale argentine.. terminus.. tout le monde descend!


preuve à l'appui: Tango!

lundi 2 juin 2008

Argentina

Déjà trois semaines que j'y roule. Et beaucoup d'impressions..

D'abord l'émotion d'y entrer. Car en vélo, les distances ont repris leur vraies dimensions: être en rase campagne, dans une jungle ou un désert; inspirer a pleins poumons, puis expirer et sentir l'espace s'étendre autour de soit! Ça rassure.. le monde est vaste. Alors dans ce contexte, atteindre l'Argentine depuis le Mexique, ça fait un petit bout! Et pendant tout ce temps l'objectif devient fictif, prend des allures éthérée, devient impossible, ou secondaire. Puis on finit par y arriver quand même.. sans s'en rendre compte.. Je suis encore sous le choc.

Un mélange d'Italie, de France et d'Espagne, dans un pays immense et magnifique.

L'émotion d'y arriver, et l'angoisse de voir le bout du voyage s'approcher. Un mélange contradictoire auquel je ne m'attendais pas. Pour la première fois depuis de longs mois, rouler avec un but concret. C'est moins grisant qu'auparavant, la fatigue réapparaît, les courbatures aussi. Je pensais pourtant m'en être débarrassé. Alors il faut se rassurer en explorant les merveilleuses "Heladerias" d'Argentine. Leurs glaces valent a elles seules le voyage. Imaginez 12 sortes de chocolats, 8 sortes de dulce de leche, et tous les fruits avec ou sans crème qu'on puisse inventer. La pause glace devient fictive, prend des allures éthérées, devient impossible, ou secondaire.. Je suis encore sous le choc.

Et puis l'Argentine est en plein conflit social. Quel était donc le dernier pays traversé qui n'était pas en conflit social? Me souvient plus. Ici c'est "El conflicto con el campo", autrement dit le conflit avec la campagne. Le gouvernement veut encore augmenter les taxes, jusqu'à plus de 50% des revenus de l'industrie agropecuniére (!) Les intéressés sont donc en grève, bloquent les routes, et font de longs discours dans la presse. Toute une histoire qui dure depuis bientôt trois mois et qui fait le deuxième sujet de conversation des argentins.- Et mon avis sur la question, un de ces soir a l'Evech'..-

Car le premier sujet de conversation est indétronable, c'est le football.. L'inévitable, le perpétuel, que dis-je, l'éternel football. Et je peux vous assurez que ce que vous allez subir en Suisse au mois de juin, n'est rien comparé a la fièvre latine. Du pain et des jeux disait l'autre. Et impossible d'éviter de mentionner le célébrisime club de Buenos Aires: El Boca Junior. Qui draine à lui seul la moitié des fans de foot de toute l'Argentine. Et qui gagne même quand ce ne sont que les remplaçants qui jouent. En ce moment même en demi-finale de la Copa Libertadores (coupe interclub de toute l'Amérique latine). Ici c'est plus qu'un mythe, c'est un club fictif, qui prend des allures éthérées... Mais je me suis remis du choc.

Et puis il y une dizaine de jour, en pleine pampa, un vent de face s'est levé. D'abord doucement, puis un peu plus fort, puis très fort, puis tempétueux a décorner les boeufs argentins. Je marchais donc sur le bas-côté quand mon pneu avant s'est aplati.. Verdict: une trentaine de crevaisons par roue; une sorte de graine épineuse bien connue ici, et que maintenant je connais aussi.. Après ça pendant que je réparais patiemment mes chambres à air, le vent a renversé le vélo cassant le pied et le rétroviseur.. Le début d'un effet de réaction en chaîne. Ça m'est déjà arrivé plusieurs fois. Le secret pour s'en sortir, c'est garder son calme.. Ce soir-là, j'ai vu le coucher de soleil depuis le pont d'un camion. Puis en quelques jours le temps a passé de 35 degrés à l'ombre bien sonné, au gel et à la neige. Ici, quand le temps change, ça rigole pas! L'hiver s'annonce rude en Argentine, mais je vais éviter le choc..

Le retour s'annonce. Mais pas à cause de la météo, car la neige j'aime bien... Mais les finances sonnent l'alarme depuis un bon moment déjà. Eternelle condition incontournable de notre monde civilisé.. Je serai donc au lac pour les cerises, et même pour le solstice d'été. Préparez les caquelons et les chopines, j'aurai du retard à rattraper!

Abrazo de Argentina

avec un copain autostopeur, depuis le pont d'un camion..

vendredi 16 mai 2008

Le rêve du Salar de Uyuni

L'autre nuit j'ai fait un rêve tellement fort, que j'en ai retrouvé des photos dans mon appareil! C'était l'histoire d'une traversée du Salar de Uyuni, au sud de la Bolivie, à 3600 mètres. Une étendue crystaline parfaitement blanche et plate. Un rêve de sel. 85 kilomètres entre Jirira et Colchani, ponctuée d'une nuit sous tente dans un silence cosmique. Inoubliable.
Les photos...

jeudi 15 mai 2008

Blaise Hofmann et le prix Nicolas Bouvier 2008

Si vous avez manqué cette nouvelle de taille: l'ami Blaise a recu le prix Nicolas Bouvier 2008 pour son deuxième ouvrage, "Estive", paru aux éditions Zoé.
Magnifique! Félicitations Blaise. Ce carnet de berger, écrit suite à un été de solitude pastorale dans la vallée de l'Hongrin, est une pure merveille. Je vous en recommande absolument la lecture dont voici le prière d'incérer:

"Que fait un troupeau lorsqu'il est formé ? Il se déforme. Il faut le reformer. Je pense beaucoup à toi, Sisyphe". "Estive" est un récit où l'auteur romance un été de berger en charge d'un troupeau de moutons. Ce carnet de route dans une vallée alpine fait partager au lecteur, tout au long de rencontres inattendues, d'images poétiques et de réflexions philosophiques, le quotidien difficile des paysans et des bergers. Le livre n'est pas seulement un témoignage mais un "récit d'apprentissage". Ce texte à l'écriture fragmentée, incisive et ironique, interpelle autant la dysneylandisation des Alpes que l'aspect devenu exotique des métiers ruraux de montagne.

De plus Blaise est en voyage, un tour de la Meditérannée avec une pause au Caire, où il est en ce moment. Voici son blog:
NOTRE MER, un tour de Meditérannée

mercredi 14 mai 2008

Lagaffe à Oruro

Oui, allé! J'ose cette référence plutôt exotique à un monument de la bande dessinée.. Vous vous souvenez tous de la guirlande de Noël de Gaston Lagaffe? Elle était à Oruro le soir ou je suis arrivé.. Je vous raconte:
C'était la fin d'une journée record entre La Paz et Oruro, 234km sur l'Altiplano, incluant les 600 mètres de dénivelé pour sortir du trou de la capitale (qui se réfugie au fond d'une dépression de l'Altiplano pour avoir un peu moins froid... car il fait pas chaud sur le ce plateau à 3800 mètres). Il restait pourtant encore les 37 derniers kilomètres à parcourir, et le soleil menaçait de se coucher. Mais pour une fois la chance était avec moi. Un dernier bout de route bien droit, en faux-plat descendant et avec le vent plutôt dans le dos. Le genre de moment qu'un cyclonaute peut attendre pendant des mois... Une heure pour atteindre l'entrée de la ville, Ha! Mais quand même juste pas assez rapide pour arriver de jour. J'entre donc dans la banlieue avec les dernières lueurs. Je m'arrête, je demande mon chemin deux ou trois fois (Ça donne un jeu de contradiction toujours excitant a démêler.. l'un dit à droite vers le haut, l'autre a gauche, le dernier tout droit, mais vers le bas.. La moyenne du tout donne environ la bonne direction..) Oruro s'allume doucement dans la nuit bolivienne, c'est magnifique. Je ne traîne pas, et m'engage sur les avenues. Puis soudain blop! Je vois quelques lampadaires clignoter puis s'éteindre, les enseignes lumineuses disparaître, les feux de circulation s'évanouir. C'est la panne d'électricité. Incroyable. Gaston a branché sa guirlande! Quelques lumières subsistent avec les phares des voitures (quand ils fonctionnent..). Mais la ville dans le noir total. Pas de lune. Un ciel étoilé extraordinaire (cette région du monde possède un ciel pur qui est le fantasme de tout les astronomes, les plus grands télescopes sont installé à peine plus au sud, dans le désert d'Atacama). Cela dit je m'inquiète un peu. Comment trouver une auberge et le centre d'une ville sans lumières ni enseignes lumineuses? Des ombres parcourent les rues. De temps en temps un type possède une lampe de poche. Soudain ça gesticule devant moi. Une foule sur la route.. Et une fanfare! Qui joue à plein tube sans s'inquiéter du noir. C'est magique! Je suis le cortège. Invisible, je n'entends pas un seul "gringo!" pour une fois. Je demande encore mon chemin, puis tente différentes options... Il y a de plus en plus d'ombres dans les rues, je ne dois donc pas être trop faux. Soudain quelques enseignes se rallument. Gaston a débranché sa guirlande bricolée "maison"..! Les ombres redeviennent des boliviens, les étoilent disparaissent, les carrefours encolonnés retrouvent des feux que personne ne respectent, et je me découvre en plein marché, dans une rue piétonne encombrée d'étalas. A côté de moi un "Alojamiento" s'illumine. Et le court des choses reprend le normal.
Une demi-heure de pure magie.
Merci Gaston, si seulement tu pouvais brancher ta guirlande de temps en temps en Suisse aussi...

lundi 5 mai 2008

UN CAPITULO MAS! Quito - LaPaz

L'itinéraire et les images.
Ecuador - Perú - Bolivia



Si le capitulo précèdent était surtout la Colombie, celui-ci aura surtout été le Perú. Mais avant cela, mi-mars, j'ai passé 10 jours magnifiques à Quito. Ville de culture ou se superposaient plusieurs festivals de danse et de musique au moment de mon passage. Finalement je me suis enfui plein sud, dans les Andes jusqu'à Cuenca. Depuis là, descente sur la côte pour retrouver le Pacifique à la frontière péruvienne de Huaquillas. A ce moment, je n'imaginais pas que les dunes m'accompagneraient 2000 kilométres. Car la côte péruvienne est un long désert, une route bien droite, entrecoupée de zones vertes irriguées par les fleuves qui proviennent des Andes. Un terrain idéal pour parcourir malgré le vent contraire, de longues distances quotidiennes à grands coups de pédale. Talara - Piura - el Desierto de Sechura - Chiclayo - Trujillo - Tortugas - Huarmey - Barranca - Lima - Pisco - Ica - Nazca. C'est là que ma route a quitté la Panamericana, pour monter sérieusement dans les Andes. 700km de montagne avec plusieurs passages à plus de 4000 et 4500 mètres qui ont bien ralenti le rythme infernal côtier, avant d'atteindre la bien trop chère et très touristique Cuzco. Le temps de quelques balades dans les ruines Incas, rétablir une nouvelle perturbation digestive, et j'ai repris la route au sud-est pour le lac Titicaca et l'entrée en Bolivie à Copacabana. Et pour terminer ce Capitulo, une arrivée magnifiquement théâtrale, avec le coucher du soleil, à La Paz, capitale impressionnante à l'altitude du sommet du Pignes d'Arolla.

Pour la suite ma route va continuer au sud-est, en direction de l'Argentine et de Buenos Aires.

Merci pour vos nombreux messages enthousiastes à propos du blog!
Meilleures salutations d'Amérique latine..
N'amasse pas mousse..

samedi 26 avril 2008

Martine

Martine. On s'est croisé dans le magasin de vélo de Cuzco. Quelques mots sur le cyclonautisme, elle roule vers le sud, tout comme moi. Échanges d'émail. J'étais un peu déconcentré par le pédalier de mon vélo en pièces détachées que les clients du magasin enjambaient pour parvenir au comptoir. Elle s'en va, je rassemble mes pièces.
Martine! Mais c'est elle! Ce ne peut qu'être elle!! La cycliste inconnue qui me précède depuis le Mexique! Je cours au café internet.. "On se connaît Martine! Je t'ai déjà adressé un message sur mon blog! Regarde!"
Martine est de Quebec, roule en vélo depuis L'Alaska, vise Tierra del Fuego en treize mois. "Une fille, deux roues, trois Amériques". Longue expérience du cyclonautisme en de multiples voyages, le moral et la curiosité bien accrochés. Après cinq mois de route, neuf milles kilomètres l'un derrière l'autre. Après tant de personnes sur la route qui m'avaient parlé d'elle. Rencontre a Cuzco!
Chebere Martine! Bonne route, et a bientôt peut-etre?

Le blog de Martine


vendredi 18 avril 2008

Pampamarca

La route de Cuzco passe trois fois a plus de quatre mille mètres. Lors du deuxième passage, elle y reste plusieurs dizaines de kilomètres dans de long faux plats, puis passe un point culminant à 4500 mètres.

J'approchais donc de ce col, lorsque la route a bifurqué en plein dans l'averse qui me narguait depuis un moment. Parfois la route n'est vraiment pas maline. Tempête de neige au passage de l'Abra Huashuaccasa. Et la descente se fait sentir dans le brouillard. Mais pas la peine de se laisser griser par la vitesse, contre le vent, les flocons sont un lancé d'épingles sur le visage et dans les yeux. Une demi-heure plus tard, coup de chance. Avant même d'être complètement trempé et transi de froid, une auberge émerge du brouillard. Je m'arrête sans hésiter. Pampamarca, du nom de cette région haute des Andes. "Olá buenas tardes". J'expédie rapidement les questions habituelles en les anticipant. "Soy Europeo - vengo en bici desde Mexico - hace cinco meses - nueve mil kilometros - el precio de la bicicleta es relativo - no tiene motor - si, estoy cansado". Et j'entame le caldo de pollo (soupe aux pattes de poulets) ainsi que la conversation avec mon voisin de table. Daniel est ici depuis trois jours. Il est payé pour dépecer à l'oxygène la carcasse d'un car à deux étages qui est sorti de la route faisant vingt-et-un morts au mois de mars. En effet un morceau du car est déjà devant l'auberge. C'est alors que je remarque en face de moi, deux de ces fameuses reproductions couleurs des Alpes suisses, format trente-cinq par cinquante, punaisées juste en dessus d'un attroupement rivé sur une petite télévision noir-blanc. Celle de gauche je la vois régulièrement depuis la Colombie, celle de droite est nouvelle. Un chalet, des vaches, un pré, quelques fruitiers, un sommet enneigé, le ciel bleu. Pour une fois, je me donne la peine de faire une photo de cet anagéoisme. Et à cet instant, un conducteur de camion entre dans la pièce en claquant la porte et crie "Dos Nescafe!" Perplexe, je me demande si on va me servir une Ovo chaude, avec une tartine au Cenovis que je devrait payer en francs suisses? Mais non, les choses ont repris un cours normal, et la journée s'est terminée avec le dégagement bienvenu du ciel. J'ai passé une très mauvais nuit. Puisqu'après quatre semaines au bord de la mer, dormir à 4200 mètres d'altitude demanderai un peu plus d'acclimations.

Le lendemain reprise de la route qui commençait par une montée, parce qu'en fait il restait encore trente kilomètres avant la vraie descente. Dont je n'ai pourtant failli jamais profiter, je vous explique. Juste avant d'entamer les fameuses "siete curbas" (sept magnifiques épingles à cheveux) il faut traverser un dernier petit village. En m'approchant de celui-ci, je me suis demandé pourquoi tout les habitants portaient des casques. En fait des ouvriers qui creusaient une tranchée le long de la route. A ce moment l'un deux s'élance dans ma direction en agitant un T-shirt vert. Il m'hurle quelque chose que je ne comprends pas. Ayant perdu l'habitude de m'arrêter à chaque situation étrange, parce que ça se passe tout le temps, et qu'on sait jamais l'intention réelle des auteurs, je le croise avec un cordial bonjour.. La route est libre. Quelques mètres plus loin je remarque pourtant un groupe de villageois planqué dans une ruelle, agglutinés à l'angle du mur pour regarder dans la direction dans laquelle je vais. A cet instant me revient en mémoire l'histoire de Jean-Christophe à qui il est arrivé exactement la même chose au Tibet. J'hésite, je freine. Puis une siñora m'hurle "Va explodar!" Demi-tour, retour au niveau du T-shirt vert, à peine le temps de me tourner avec l'appareil et boum, le bord de la route vole en éclat avec une partie d'une maison adjacente (ce qui n'était probablement pas intentionnel...) Gros rire avec le type au casque. Merci Jean-Chri de m'avoir mis la puce à l'oreille en me racontant ton histoire. C'est pour ça que je vous la raconte à mon tour...! Mais j'ai de nouveau oublié comment ils disent "ça va exploser" au Perú...


vendredi 11 avril 2008

"Les murailles de Samaris"

En essayant de comprendre certaines facettes des villes d'Amérique Latine, le titre de cet album de la fameuse série des Cités Obscures m'est revenu en mémoire. Car plus je traverse de centres urbains, plus les similarités des grandes villes de mon voyage m'interrogent, et me rappellent la fiction de Schuiten et Peeters.


Les villes de tailles moyennes, ou de petites tailles, sont remplies de sens. Moins elles ont d'intérêts touristiques, plus on y trouve de cohérence. La route principale vous amène au centre du bled, constitué d'une place quadratique de grande taille, pourvue de verdure ou d'une fontaine. Ce bloc évidé est bordé par quatre rues, qui se poursuivent dans le tissu urbain et qui séparent de manière plus ou moins heureuse l'espace central des façades qui le qualifie. Celles-ci sont généralement constituées de commerces qui sont de plus en plus prestigieux, au fur et à mesure que la ville est plus importante. Une forme de gradation centrifuge des espaces, facile à comprendre et simple à appliquer.


Dans les grandes villes cette structure est évidemment bien plus complexe. On retrouve notre place quadratique, parfois doublée ou triplée, quelque part dans le tissu urbain. Généralement dans le centre historique. Ce quartier est d'époque coloniale, si les tremblements de terre n'en ont pas détruit la totalité. Mais ce qui est surprenant, c'est que le centre historique de la grande ville type d'Amérique Latine est généralement un quartier déprécié. La population qui en a les moyens fuit les illustres bâtiments pour s'installer dans de nouveaux quartiers. Générant un ou plusieurs nouveaux centres qui sont presque toujours exceptionnellement laids. Des bâtiments qui utilisent maladroitement le verre et le béton. Des avenues très larges pour y faire circuler l'automobile, où vous risquer votre peau quand il faut traverser la rue. Des espaces pour piétons inexistants, les trottoirs sont des parkings, les espaces publics réduits au minimum, excepté parfois quelques parcs. Les prix du commerce sont multipliés par trois ou plus. Les stations d'essence, supermarchés et fastfood y pullulent, et la population aisée en raffole. C'est l'ouest lausannois devenu quartier prestigieux...


Pourtant la valeur sentimentale, morale et touristique du centre historique n'a pas disparu. Car les églises, cathédrales, palais gouvernementaux et certains autres bâtiments publics et culturels s'y trouvent toujours. On y est donc attaché, mais on ne veut surtout pas y résider.


Etat de fait qui profite à d'autres: le centre historique est donc généralement occupé par un mélange de classes basses et moyennes. Jusque là tout va bien. Néanmoins la schizophrénie urbaine commence à partir du moment ou on prend en compte le fait que les disparités sociales en Amérique latine sont brutales. Les résidents des quartiers historiques n'ont donc souvent pas les moyens d'entretenir matériellement leur environnement construit. Donc puisque ceux qui en ont les moyens et qui y sont attaché, sont ceux qui ont le pouvoir, l'état se charge d'un processus d'entretient. Réfection des façades, des toitures qui surplombent la rue, peintures des balustrades et des volets... Ce qui compte n'est que la partie visible des bâtiments. Visible depuis le trottoir ou la fenêtre de la voiture. L'important c'est l'image du tissu de la ville historique. Et on s'en tient là. Un travail décoratif. Cette attitude se répète avec plus ou moins d'évidence dans la majorité des grandes villes. Par exemple Quito, où l'uniformité du centre historique est surprenante, et aguichante. Mais l'intérieur des maisons s'effondre, la partie des toits invisibles se décompose. Les espaces sont sous-utilisés. Un quartier théâtre. La porte est peinte, mais ne s'ouvre plus depuis longtemps. J'y ai passé des moments magnifiques, je tiens à préciser, car la vie urbaine est capable d'adaptation. Mais parfois un angle de vue laisse voir l'envers du décor. Et là on s'interroge. Jusqu'où cela a-t-il un sens? D'où ma référence aux murailles de Samaris, la ville imaginaire de Peeter et Schuiten, dans laquelle un héro déambule dans une ville inconnue, jusqu'à franchir le décor, et découvrir les mécanismes d'une ville faite de structures qui se déplacent... A vous de découvrir l'album!


Si la ville est le reflet de notre âme, de la profondeur de notre réflexion, de la qualité de nos idées, de l'état de notre civilisation. Comment interpréter ce désastre, cette évidente dégénérescence? Et jusqu'ou poussera-t-on le subterfuge? Une ville de carton, vraiment? Qu'est devenue la ville qui se reconstruit sur elle-même? Qu'est devenue la notion d'évidence, de cohérence et de sens dans l'environnement que nous nous bâtissons?



Vue des toilettes de l'hôtel dans le centre historique de Lima

dimanche 6 avril 2008

La guerre du transit

Suis entré dans Lima on aurait dit une ville en guerre. Le champs de bataille la panaméricaine norte. La lumière acre du désert. La poussière des dunes et du diesel. Une armée de camions et de bus en furies. Des taxis mercenaires. Un gladiateur gesticulant sur un vélo. C'etait chacun pour soit. 45 kilomètres de lutte acharnée. Faut être coursiers ou aimer ca (ou les deux) pour survivre. M'en suis donc tiré sans trop de mal. Mais la guerre du transit avait des ressources, et m'a pris par derrière. Le champs de bataille les toilettes de l'hôtel (et c'est pas peu dire!) Objet du litige, la comida servie par "El tiburon", 50 bornes avant Barranca.. Littéralement assiegé nuit et jour par l'ennemi, j'ai d'abord essayé d'imposer un embargo. Mais après 5 jours de bataille, j'ai tiré la sonnette d'alarme, pour appeler la cavalerie pharmaceutique. Les premiers résultats sont encourageants. Ca voulait échapper aux touristes, et c'est rattrapé par la tourista. Qui pensait donc qu'on pouvait feindre sa condition?

mardi 1 avril 2008

Heinz Stücke II y la casa de ciclistas

Je suis venu a Trujillo pour voir le mythe. J'ai rencontré une famille, le mythe et un icône.

Le mythe c'est la casa de ciclistas et son propriétaire, Lucio, cycliste invétéré au coeur grand comme un plateau d'au moins 63 dents. J'ai signé le grand livre.. 944ème cycliste a passer la nuit dans son chez lui. 944ème cycliste a être accueilli a bras grands ouverts, au vu des messages laissés dans le grand livre. "Que puis-je faire pour ton vélo? Comment était la route jusqu'ici? Les voleurs de Paijan t'ont-ils épargné? Installe-toi, et repse-toi." Merci Lucio!

L'icône, c'est le padre. L'abuelo comme il dit lui-même. Heinz Stücke. La providence l'a mis ici, au cours de son interminable périple. Qui le conduit cette fois-ci de Denver à Santiago du Chili, d'où il s'en va pour l'île de Pâques. Un monument du voyage à lui-seul. Imaginez qu'il a dépassé le demi million de kilomètres. Qu'il vous parle chinois, puis russe, puis s'arrête et lance. "Ah mais tu parles même pas russe?". Trapus, solide, il roule depuis l'âge de 20 ans, 47 années de voyage sans jamais s'arrêter, hormis pour vendre ses brochures, qui racontent son périple, et le financent en même temps. 6 années rien qu'en Afrique, à pousser son vélo sur les pistes, à echapper aux abeilles tueuses, a regarder le ciel a la jumelle, a resouder le cadre de son vélo. Qui a quand-même fini par rendre l'âme, il y a quelques annees aux Etats-unis. Des histoires à n'en plus finir. Et le moteur a l'intérieur, comme il dit, toujours là, intacte. "Encore tellement de choses a voir, je sais pas si j'aurais le temps..." Comme il a passé 10 selles Brooks, jusqu'à la déchirer le cuir(!), il m'a enseigné les bons soins de la miennee, pour sauver la peau des fesses.. Un icône je vous dis. Un icône en or. Même si ca surprend. Chevere! Heinz, de t'avoir rencontré!

Puis dans cette petite famille d'infortune, il y avait aussi Cati et Eusebio, parti de Mallorca pour un tour du monde vers l'ouest en 3 ans. Plaisir de vous avoir croisé pour quelques jours a la casa! Quel chemin vous attend..! Que les vaya bien! et bonne route amigos!

Et à propos de Jean, il faut le voir pour le croire. Paré d'un maillot du tour de France rouge complètement delavé, le cheveux grisonnant.. Pensez! 72 ballets et un tour du monde vers l'est! En deux ans, seul! Monté sur un vieux Peugot briquolé a merveille.. Jean remonte, jusqu'à Caracas, ou l'attend son avion pour Madrid, depuis où il bouclera sa virée, dans les Pyrénées françaises. Magnifique! Incroyable! Félicitations!

Trois jours seulement. Trois jours en famille comme si on se connaissait tous depuis des années. Trois jours qui compteront dans le voyage!

jeudi 27 mars 2008

Heinz Stücke

C'est en attendant Lucio, enfin arrivé à Trujillo, dans la fameuse Casa de ciclistas (Perú) que j'ai découvert cette brochure.. Imaginez. J'arrive du nord du Perú. Cinq jours et demi depuis Cuenca en Equateur. Ce qui est plutôt rapide, pour faire pas loin de mille kilomètres. Retrouver la chaleur du niveau de la mer, le vent de la côte, le sable de cette région désertique. Mais c'était excitant, grisant et riche. Donc j'etais là, fraichement arrivé, impatient de rencontrer Lucio, puis de filer manger une glace bien méritée sur la place centrale. J'attendais sur le banc, dans son hall d'entrée-garage. Grande pièce un peu sombre, remplie a ras bord de pièces de vélo de toutes sortes. Dans mon dos une trentaine d'affiches de cyclistes grimacants. Depuis le vainqueur d'une course locale aux grands champions doppés.. J'attendais Lucio, patiamment. Puis j'ai vu cette brochure Mit dem Fahrrad um die Welt, Heinz Stücke. Dedicacée, dans le coin supérieur gauche. Et cette photo magnifique d'un type avec son vélo dans un desert, sous un arbre. J'ouvre. Un texte, des images. Je feuillette. Toujours le même type avec son vélo. Il est en Chine. La grand muraille. Puis l'Indes. Le Mali. L'Australie. L'Angleterre. La Colombie.. Et les pages se tournent. Ca continue. La Sibérie. Le Brésil. Les Etats-Unis. L'Egypte. Le Peru, le Tibet. Et j'en passe.. A la fin une carte du monde. Complètement gribouillée, son parcours... Heinz Stücke a quitté l'Allemagne à 20 ans pour faire un voyage en vélo. C'etait en 1960. Il s'en est jamais remis. Il roule toujours. 545'000 kilomètres. Avec le même vélo. Qu'il a resoudé, reparé, trafiqué, encore et encore.

Vertiges.

J'ai refermé la brochure. L'ai remise à sa place sur le meuble a Lucio.

Suis parti. Je retournerai voir Lucio un autre jour.

http://heinzstucke.com/
http://www.bikechina.com/heinzstucke1z.html


mercredi 26 mars 2008

Jamais les souris n’iront au Salon du chat

Transmis par Jean-Christophe:

« Exister à vélo implique donc de vociférer contre la voiture. C’est une question de survie. Dans l’équilibre naturel, les prédateurs trop nombreux menacent la disparition d’une espèce.
On pourrait considérer que, avec ses 10'000 morts par an rien qu’en France (35 millions de morts depuis sa création, selon la Croix-Rouge), l’automobile est devenu le premier prédateur de l’homme.
Et pourtant, la croissance de l’industrie automobile est considérée comme un indicateur de prospérité. On est pris de vertige devant la capacité d’auto-aveuglement de l’humain qui, dans une certaine mesure, instrumente sa propre extermination. Sans parler même de la fascination que la voiture exerce (digne de celle du cobra avant l’attaque mortelle) sur ses victimes (ou futures victimes) dont les revues spécialisées, publicités clinquantes valorisant la vitesse, et autres Salon de l’auto sont les manifestations les plus aberrantes.
Jamais aucune espèce, dans l’histoire de la création, n’avait engendré son propre prédateur avec autant d’enthousiasme.
Jamais les souris n’iront au Salon du chat. »

Tiré de Didier Tronchet, Petit Traité de vélosophie, Le monde vu de ma selle, éd Plon, mai 2000

dimanche 23 mars 2008

A la cycliste inconnue

Depuis où est-ce que j'entends parler de toi? Depuis le Mexique? Je ne suis plus sûr.. Mais tu me précèdes sur la route.. Tu es américaine, tu voyages seule, en vélo. A San Jose, au Costa Rica, un backpacker qui t'as rencontré m'a parlé de toi. A Panamá, peu avant Santiago, j'ai dormi dans le jardin d'une famille qui t'as vu passer sur la route 3 semaines avant moi. Puis en Colombie, loin de la panaméricaine, peu avant Pereìra, dans cette improbable hôtel-station service, où je suis arrivé de nuit, la dame du restaurant l'autre de côté de la route t'avais servi à manger une semaine auparavant. Mais depuis, plus rien. J'ai un peu ralenti le rythme entre la Colombie et l'Equateur. Tu as peut-être repris de l'avance? Passeras-tu dans l'inévitable Casa de ciclistas a Trujillo, au Perú? Prévois-tu de descendre jusqu'au sud? Quoiqu'il en soit bon vent.. et bonne route. C'est étonnant de suivre ta trace au hasard de la providence, milliers de kilomètres après milliers de kilomètres..!

jeudi 13 mars 2008

Mujer en la Danza

Ca s'est passe le 8 mars dernier, le lendemain de mon arrivée a Quito. Pour la journée mondiale de la femme, la fondation "Casa de la Danza" organise le VI festival internacional "Mujer en la Danza" consacré cette année a la mujer migrante. Je l'ai appris par une grande affiche sur le Teatro Nacional, qui indiquait 8 marzo, 20h, entrada libre. Moi qui aime la danse je m'y suis donc précipité. En prenant soin de donner un petit coup de rasage a mon allure de cycliste en voyage.. Mais rien dans mes bagages ne ressemble a ce qu'il faudrait porter pour sortir en grandes pompes, je n'ai que mon pantalon de montagne qui porte les traces des dernières semaines de voyage, mes basquets bon marchés qui commencent a s'user, ma veste polaire rouge et mon K-Way de vélo bleu. On ne peut pas dire que ce soit le meilleur moyen de passer inaperçu au théatre; mais c'est pas ça qui m'empêchera de voir un spectacle de danse en Equateur.
J'entre donc dans le théâtre peu avant le début du spectacle. Grande ambiance, le gratin de Quito s'y est donné rendez-vous. Je me faufile vers les escaliers d'accès, paye l'entrée suggérée d'1 dollars, puis tente d'accéder au parterre a gauche. Complet. Le groom m'invite à monter au balcon. J'acquiesce, mais tente tout de même a droite avant de monter. On me laisse passer. Brouhaha de début de spectacle, la salle est pleine à craquer, je descends l'allée en donnant l'impression de savoir ou je vais, tout en supervisant les places libres. Rien. Je me faufile entre les mondanités, toujours plus bas. Jusqu'a m'approcher du premier rang. Et la, tout devant, magnifique, 3 places de libres, quelques pas et je prends celle la plus au centre. Il est l'heure, le spectacle devrait commencer. Avec ma taille inhabituelle, et mon K-way bleu, je sens tous les regards dans mon dos. Peu importe, il va faire bientôt nuit je pense...
Mais pas du tout! Le spectacle commence par l'apparition d'une dame en grande robe blanche, qui s'avance sur scène micro à la main. Plusieurs caméras surgissent a sa suite. Elle annonce le gala d'ouverture du VI festival internacional "Murer en la Danza". Le gala d'ouverture! Je ne m'attendais qu'a un spectacle, mais ca sonne bien. Puis elle entame un grand discours, et remercie les personnalités présentes; a commencer par.. le ministre de la culture équatorien. Boum, les cameras se tournent sur le type assis a quatre siéges de moi!.. Puis elle continue.. Madame la ministre (j'ai oublie de quoi).. hop! les cameras se décalent d'un siège dans ma direction.. Autre madame la ministre.. hop! a deux sièges du mien... Monsieur l'ambassadeur d'Argentine.. hop! a un siège du mien. Il ne reste plus que ma voisine avant que ca vienne sur moi.. Mais je suis sauvé par une fanfare qui commence du fond de la salle; l'hymne national équatorien. Tout le monde se lève et chante en coeur. Les cameras prennent du champs et balaie le premier rang. Moi qui voulait passer inaperçu... Je commence a être pris d'un fou rire contenu en imaginant le burlesque de ma propre situation.. en K-way bleu (que je n'ose pas enlever malgré la chaleur, c'est toujours plus discret que la polaire rouge que je porte dessous), 3 têtes plus haut que tout le monde, au milieu de la moitie du gouvernement équatorien, le seul qui chante pas du premier rang, sous le feu des cameras... Fin de l'hymne. On se rassoit. C'est le tour des discours qui commence. Le ministre de la culture d'abord. Il prend le micro, puis, aidé d'un vieux bonhomme, hisse un grand drapeau blanc que je n'avais pas vu sur le coté de la scène. "Excusez-moi de ne pas avoir de discours prepare pour cette occasion (tu parles, il enchaine pendant au moins 15 minutes), Gracias al Presidente Correa pour sa présence d'esprit et pour l'image qu'il vient de donner au monde d'un pays qui sait pardonner pour faire la paix" (cette soirée a lieu le lendemain de la réunion de l’OEA, ou les présidents bolivariens se sont réconcilies suite a la quasi déclaration de guerre qui avait suivi l’assassinat par l’armée colombienne du chef FARC Raul Reyes en territoire équatorien, incursion totalement illégale). Puis, second discours, la ministre a trois siege du mien. Elle semble emue, et insiste beaucoup sur l'identité nationale. Puis la ministre suivante, qui parle enfin un peu de la condition de la femme. Et ca enchaine, remises de doctora honoris causa a plusieurs femmes. Congratulations réciproques, distributions de fleurs, embrassades.
Personne ne m’a demandé de faire un discours. Mais si cela avait été le cas, j’aurais souhaité demander si le choix de la compagnie israélienne qui a ensuite ouvert le festival était intensionnel. Car personne n’en a parlé, et pourtant, voir ces 4 danseuses pendant plus d’une heure en dessous de cet immense drapeau blanc ne m’a pas paru anodin.
A la fin du spectacle, en remontant l'allée, j'ai vu les panneaux passés involontairement en descendant... Ca commencait par invitados especiales, puis plus bas embajadas, puis participantes et finalement gobernio. Etannant qu'on n'ait pas arreté dans ma course..
Pour terminer la petite histoire, deux jours plus tard, sur la Plaza Grande de Quito, j'ai attéri par hasard au milieu d'une foule qui écoutait un discours présidentiel. Probablement le retour de la tournée diplomatique. Et en m'approchant du balcon, j'ai souri en reconnaissant ma voisine de l'autre soir, debout derriere le président.

lundi 10 mars 2008

CAPITULO DOS: Atteindre la Colombie, disfrutar et s'en aller

L'itinéraire et les images.
Costa Rica - Panamá - Colombia - Ecuador



Hola amigas amigos!
Me voilà donc a Quito, capitale equatorienne perchée dans les Andes à 2900 mètres. Terme de ce que j'ai choisi être le "Capitulo 2" de ce voyage a vélo. Il est temps de donner quelques nouvelles après 9 semaines depuis San José.
Jean-Christophe rentré en Suisse, j'ai donc continué seul. Ma route m'a mené d'abord sur la côte Caraïbe du Costa Rica, puis l'archipel Bocas del Toro au Panamà. Ensuite de retour sur la panaméricaine côté pacifique, j'ai atteind Panamá City, puis Colón, à nouveau du côté caraïbe. J'y ai fait 1 partout avec les ladrones (voleurs) de la région, puis j'ai embarqué à bord du voilier "Gitan", pour gagner la Colombie en un peu plus de 2 semaines de navigation. (cf message précédent "du Gruyère dans les San Blas", 1er février 2008).
Ah la Colombie! Autant le dire tout de suite, je n'ai pas été sequestré, ni attaqué en y posant le pied. Comme pour beaucoup de lieu dans le monde, il y a beaucoup de méconnaissance à propos de ce pays mystérieux. Mais les 6 semaines que j'y ai passé sont bien insuffisantes pour pouvoir prétendre comprendre ce qui s'y passe. Par contre je peux le dire, l'accueil fût systématiquement très chaleureux, parfois bien au-delà de ce que j'ai rencontré en amérique centrale. Les paysages traversés etaient de toutes beautés et la route m'a semblée relativement sûre.
Depuis mon entrée sur le continent, j'ai pris plein sud:
Cartagena - Sincelejo - Medellín - Pereíra
A Pereíra j'ai retrouve ma soeur et Julien, qui y résidaient au mois de février le temps de suivre un cours sur le Bambu Guadua. Un matériaux de construction en plein développement en amérique latine. Les deux sont maintenant en train d'achever 6 mois de stage dans le sud du pays, à Ricaurte. Merci Elsa et Julien pour votre hospitalité et votre compagnie!
Depuis là, j'ai rendu visite en bus a Julien Wist qui vit et travaille à Bogotá depuis plusieurs années. Merci encore Julien pour ton accueil!
De retour a Pereíra j'ai repris la panaméricaine plein sud:
Pereíra - Popayan - Pasto - Ipiales - Quito
Où me voilà dans les nuages et la pluie. La suite, et bien je pense que le moment de rentrer n'est pas encore tout a fait arrivé, pour autant que je parvienne à recevoir le pacquet de Suisse avec mes nouveaux pneux... J'ai abandonné l'idée evoquée, de traverser l'Amazonie en bateau pour atteindre Julien Ineichen a Recife au Brésil. Trop irréaliste, seul, avec tout mon equipage. Je vais donc continuer au sud, jusqu'à ce que j'arrête de pédaler..
Un Gran Abrazo a todas y todos et je me réjouis d'avoir de vos nouvelles!
Pierre qui roule...

PS. Quelques souvenirs et anecdotes, dans l'ordre chronologique:

- Les jus de fruit de Mme Suarez, Maracuya - Banane, sur la Plaza Trinidad du Barrio Getsemani en Cartagena. Merci Manuela d'avoir pris soin jour après jour de la cicatrisation de mon pied!
- Un cono soft sur la place centrale de Sincelejo avant d'aller se coucher. La Colombie a activé une furieuse manie de manger des glaces.. par centaines..
- La Corraleja (Corrida a la colombienne) a Planeta Rica, dans une Plaza de Toros éphémère de 6000 places. L'arène est ouverte à qui veut aller braver les taureaux, qui ne sont jamais mis a morts. Les plus casse-coups ou les plus souls viennent reclamer les pièces du public après avoir tentés et parfois réussi sauts périeux par-dessus les cornes et autres acrobaties taureaumachiquement non reglementaires! Paraît que parfois ca se termine mal...
- Après 470km de plat en 3 jours, le mur de Valdivia. Je n'oublierai jamais ces 30km de grimpée pour presque 3000 mètres de denivelé jusqu'à Ventanas. Ensuite s'enchaînent plusieurs vallons profonds pour atteindre Santa Rosa complètement épuisé. Despuis cette furieuse montée, j'ai l'obsession d'éliminer n'importe quel poids de mes bagages pas absolument nécessaire. Peler les bananes à l'avance, couper le savon en 4, vider presque tout le dentifrice, supprimer les ficelles des sachets de thé, découper les morceaux de carte inutiles,...
- Medellín, parce que c'est la première ville de tout le voyage qui impressione par ses infrastructures. Paraît que c'est tout Pablo Escobar et ses acolytes qui ont payé.
- L'étape impossible: Medellín - Pereíra en un jour, pour être sûr d'être à temps chez ma soeur pour participer au week-end insitu. Suis arrivé à temps, mais pas en une fois, malgré le raccourci par Chinchiná. Plusieurs cols et pas loin de 190km tout de même. (faut dire que si proche de l'equateur, on droit qu'à 12 heures de jour, pas un poil de plus).
- Diego Manuel Ortega, qui a voulu me vendre sa finca (ferme de production) près d'El Bordo, dans le Cauca. Il y élève des poissons, exploite la matière première de la céramique, produit beaucoup de café, du bambu Guadua. Il m'a demandé de faire suivre l'information, si quelqu'un est intéressé, voici son cellulaire: 311-742-2803
- Popayan - Pasto, 2 journées de vélo magnifiques dans le Valle Patía. Sauvage, intense, splendide. Dangereux aussi, mais je ne le saurais que par ma soeur, qui l'a appris a ses dépends, en traversant cette région en bus le lendemain.
- Deux vieilles dames témoins de Jéhovah qui, pendant une pause chocolats, m'ont fait lire des passages de la bibles en espagnol, tout en corrigeant mon accent de Madrid avec beaucoup de sérieux.
- La tension des derniers jours grace aux prouesses diplomatiques du "perro de los imperialistos" comme ils surnomment ici Uribe. Mais ca n'a pas saccagé la fin du parcours qui s'est très bien passé, passage de frontière compris.

vendredi 1 février 2008

Du Gruyère dans les San Blas

Me voila donc a Cartagena. Youhouhou! la Colombie, enfin!
Je soigne ma blessure au pied. On m'a enlevé ce matin un morceau de verre d'un centimètre de long qui était profondément plante dans l'os du talon, à tel point que j'étais même pas sur d'avoir quelque chose dans ma plaie, et pourtant ça ne se soignait pas, raison pour laquelle je commençais a m'inquiéter. Enfin la clinique a fait du bon travail et c'est une bonne chose de faite. Mais vu l'entaille que le doc a du faire. Je suis bon pour une semaine sur le balcon de l'hôtel a lire des bouquins sans bouger.. Mais reprenons depuis le début..

L'aventure a bien commence cette fois-ci, sans aucun doute, depuis trois semaines.. A Panamá City déjà, je me suis égaré dans ce quartier crénios (el Chorillo) sans vraiment faire exprès. Bon je me suis dit que ça allait passer. Mais quand une voiture s'est arrêtée pour me dire de me tirer vite fait, j'ai suivit le conseil. C'est peu après que j'ai vu ce type courir a cote de mon vélo en me regardant. Genre jeans de marque, marcel blanc, chaine en or, casquette. Sans comprendre tout de suite, j'ai vu du coin de l'œil les deux autres qui couraient derrière mon vélo a deux mètres du porte-bagage.. J'ai donc pousse sur les pédales par reflexe et échappé de justesse au racket qui aurait mis fin au voyage. Ouh la montée d'adrénaline..

Tout content de mon coup de chance, je m'en vais a Colòn sur la cote Atlantique du Panamà a la recherche d'un bateau a voile pour traverser jusqu'en Colombie. Des mon arrivée dans la banlieue je sens que ça va être chaud. Les gens me fixent ou crient a mon passage des choses pas très gentilles. Je plonge sur les premiers flics que je croise, et ils m'accompagnent a un hôtel. Le fait qu'ils me paraissent encore plus inquiet que moi ne me tranquillise pas. Et après une courte sortie pour manger, je reste cloitré la fin de journée dans ma chambre. Ensuite le lendemain matin, je vais au port pour chercher un bateau. Et entre deux quais, un type me pose une question. Je sens venir le truc, et tente de détourner l'attention, mais avant même que je trouve un moyen de me sortir du mauvais pas, je sens mes deux pieds décoller du sol.. Quelqu'un me soulève par une clé de bras dans le dos et 4 gaillards me fond les poches en 20 secondes, tandis que je bredouille en les regardant faire. Je perds ma montre de montagne et quelques dollars. Mais je ne rouspète pas, parce qu'ils n'ont pas senti ma banane sous mes habits avec argent, passeport et carte de crédit. Je me tire vite fait un peu choqué et me réfugie plus loin prés d'un garde armé qui m'accompagne à un taxi. De retour a l'hôtel, je pacquete immédiatement mes affaires et demande une escorte pour sortir de la ville au plus vite. A nouveau les regards qui me fixent, je monte l'allure, l'adrénaline me fait tenir une vitesse moyenne jamais atteinte jusqu'au petit port suivant, Portobelo. C'est là que je tombe sur Christian, ce danois de 65 ans, en voyage avec un vélo lui aussi. Je lui raconte mon aventure, et lui me renvoie la sienne. 3 jours plus tôt, également a Colòn, bataille au couteau pour sauver ses économies. Cette ville ne laisse personne indemne. Il se rend également en Colombie. Et donc par chance, avec son aide et celle d'un intermédiaire, je trouve un voilier pour la Colombie en une heure. On embarque.

Changement radical d'univers. De celui ou le territoire est infini, ou tous les jours je vais et dors ou bon me semble, ou je mange tant est plus. A celui ou on est coincé à 7 sur un petit bateau 2 couchettes, ou c'est le regime alimentaire force et ou on est completement dependant d'un capitaine et de son rafiot. J'ai nomme le "Gitan", un "petit prince" de 42 pieds immatricule a Ajaccio et tenu par un breton bien porte sur la boisson. Nous partons. Le capitaine Remy, sa compagne colombienne trois fois plus jeune, trois surfeurs gringos en quete d'embrouilles, et Christian, injenieur en mecanique navale (une chance!). L'etat de la mer n'est pas avec nous. Il faut remonter le vent et nous faisons une halte pour les papiers dans les iles paradisiaques de la cote caraibe du San Blas (province de Panamà). C'est en débarquant sur cette îles que j'ai marché sur ce morceau de verre. Bien enfonce dans le pied, le capitaine qui, plus il picolait ce soir-la, plus il avait fait d'annee de chirurgie dans sa carrière de .. kinesitherapeute -j'aprenais plus tard-.. m'alonge sur la table à manger et me cure le pied a la lampe de poche pendant que je hurle. Rien dit-il, désinfection a l'eau de javelle et eau de mer et ça passera. Heureusement que j'ai les antibios de la pharmacie. Le lendemain un bateau arborant le pavillon suisse ancre a cote de nous. Thierry et Patricia ont construit leur bateau au Mont-sur-Lausanne! et sont en voyage depuis 5 ans avec leur fils du meme age. On mange du Gruyère.. Youhouhou! c'est fou, merci les amis! Six jours plus tard nous reprenons la mer parce que les vivres et la reserve de Rhum s'amenuisent dangereusement.. Ca secoue, les tempetes de l'Atlantique nord nous amenent de jolis cadeaux de 4 metres de haut toutes les 6 secondes. Impossible d'eviter le mal de mer. Dès le matin suivant on déchire le genois. Faudra donc finir la traversee au moteur.. ce qui signifie 3 nuits et 4 jours d'affilee les oreilles a 50cm du gros moteur diesel sur qui tous nos espoirs reposent.. Mais que voulez-vous quand une série commence, on sait ni comment ni quand ca prendra fin.. Alors le capitaine oublie d'alimenter le reservoir quotidien. Donc c'est la panne en plein dans la deuxieme nuit. Branle-bas de combat a bord, dans la houle. On rerempli le reservoir. Mais reste a faire demarrer le vieux diesel, ce qui n'est pas la meme sinécure qu'un moteur a essence. Faut tout demonter filtres, carbus, gicleurs, injecteurs, en fond de cale dans les vagues, à la lampe de poche, entre odeur de mazout et celle du mal de mer. Et tout ca sans les bons outils que le capitaine ne trouvait plus. Alongé pour supporter la houle, je traduis la notice technique de francais en l'anglais pour Christian, couché sous le moteur. Point après point, nous enlevons les bulles du système. Au bout de deux heures on commence a penser aux secours. Puis par un coup de chance le moteur redémarre. Quelle sera la prochaine surprise? Je passe les détails. Tout se termine bien 3 jours plus tard en arrivant a Cartagène, enfin!

Je decouvre cette ville aux milles merveilles. Ca grouille de monde, de fruits, d'artisants.. et j'ai même trouve une clinique qui m'a sorti du pied mon nouveau "mejor amigo" -m'a dit le docteur en me tendant le morceau de verre tout a l'heure-.. Une semaine de repos et avec un peu de chance dans 10 jours je vais retrouver ma soeur a Pereira au sud de Medellin. Ouf! quelle aventure..

samedi 5 janvier 2008

CAPITULO UNO: Mexico - San Jose avec Jean-Christophe

l'itinéraire et les images
Mexico - Guatemala - El Salvador - Nicaragua - Costa Rica



Bonjour tout le monde!
Un petit message de San Jose au Costa Rica pour vous souhaiter les bons voeux 2008... Voila 6 semaines que je suis en Amerique Centrale pour y voyager en velo en direction du sud. On est donc parti de Mexico City avec Jean-Christophe fin novembre. Et nous sommes arrives ici, 3000km plus loin il y a deux jours. Belle experience que de voyager en compagnie d'une petite reine.. Mais la suite ce sera seul, puisque depuis quelques heures Jean-Chri s'est enfuit pour rentrer rattraper les jours de ski en retard...
Mais plutôt que de bassiner tout le monde avec encore un de ces fameux récits de voyage kilometrique, regardez le lien Capitulo 1 pour une sélection de 80 images..
Bonnes routes a vous tous, et a bientot pour des nouvelles j'espere..
Pierre

Quelques phrases qui sonnent a l'oreille..

- "Se déplacer en vélo, c'est donner une chance a l'âme de suivre la vitesse du corps" dixit un ami de Jean-Christophe mis en forme par mes soins.
- "On part a fond et petit-a-petit on accélère" dixit le TRASH (tous le monde connait le "Team de Recherche en Activités Sportives Hivernales"..)
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"No se descansa?" la question récurrente ici avec froncements de sourcils.. (en français: "ça vous fatigue pas?", "Heu! si. Mais ça fait partie du plaisir.. Et puis son s'habitue.. enfin pas toujours.. mais oui, le vélo c'est sympa.. si si je vous assure!")
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"Quanto cuesta la bici?" 2eme question qui vient systématiquement après la précédente (combien coute ton vélo?)
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"Thank god, we are bike traveller's". Recyclage de la fameuse phrase de ralliement des coursiers en vélo: "Thank god we are bike messengers". C'est un petit sacrilège que de travestir cette phrase, mais ça sonne bien aussi? Tu m'en veux pas Raph?
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"400 mg d'Ibuprofene 3 fois par jours pendant au moins 5 jours" Ordonnance par email de Xavier Risse pour soigner ma tendinite récurrente au talon d'Achille...
- "What`s your final destination?" la question systématique du backpacker type qui pense toujours que le but compte plus que le chemin..
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"Tengo un ambre grande como eso!" tentative de corruption systématique des garçons de café.. le dire avec les yeux et la bouche grand ouverte, en regardant fixement et en écartant les bras. Le vélo ca creuse se-rieu-sement!
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"fffrrrrrrrrrvvvvvvvvvvvvRR!" dixit le vent de face. Compter 9 jours de vent de face pour 1 petite heure de vent de dos dans ce pays! Je commence a comprendre pourquoi Dom et Sara ont fait Ushuaia-Mexico plutôt que l'inverse.. Bien vu les petits malins! ;)
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"Faudrait lancer la mode des glaces en hiver et des fondues en été, ce serait plus écologique." dixit Jean-Christophe..