mercredi 14 mai 2008

Lagaffe à Oruro

Oui, allé! J'ose cette référence plutôt exotique à un monument de la bande dessinée.. Vous vous souvenez tous de la guirlande de Noël de Gaston Lagaffe? Elle était à Oruro le soir ou je suis arrivé.. Je vous raconte:
C'était la fin d'une journée record entre La Paz et Oruro, 234km sur l'Altiplano, incluant les 600 mètres de dénivelé pour sortir du trou de la capitale (qui se réfugie au fond d'une dépression de l'Altiplano pour avoir un peu moins froid... car il fait pas chaud sur le ce plateau à 3800 mètres). Il restait pourtant encore les 37 derniers kilomètres à parcourir, et le soleil menaçait de se coucher. Mais pour une fois la chance était avec moi. Un dernier bout de route bien droit, en faux-plat descendant et avec le vent plutôt dans le dos. Le genre de moment qu'un cyclonaute peut attendre pendant des mois... Une heure pour atteindre l'entrée de la ville, Ha! Mais quand même juste pas assez rapide pour arriver de jour. J'entre donc dans la banlieue avec les dernières lueurs. Je m'arrête, je demande mon chemin deux ou trois fois (Ça donne un jeu de contradiction toujours excitant a démêler.. l'un dit à droite vers le haut, l'autre a gauche, le dernier tout droit, mais vers le bas.. La moyenne du tout donne environ la bonne direction..) Oruro s'allume doucement dans la nuit bolivienne, c'est magnifique. Je ne traîne pas, et m'engage sur les avenues. Puis soudain blop! Je vois quelques lampadaires clignoter puis s'éteindre, les enseignes lumineuses disparaître, les feux de circulation s'évanouir. C'est la panne d'électricité. Incroyable. Gaston a branché sa guirlande! Quelques lumières subsistent avec les phares des voitures (quand ils fonctionnent..). Mais la ville dans le noir total. Pas de lune. Un ciel étoilé extraordinaire (cette région du monde possède un ciel pur qui est le fantasme de tout les astronomes, les plus grands télescopes sont installé à peine plus au sud, dans le désert d'Atacama). Cela dit je m'inquiète un peu. Comment trouver une auberge et le centre d'une ville sans lumières ni enseignes lumineuses? Des ombres parcourent les rues. De temps en temps un type possède une lampe de poche. Soudain ça gesticule devant moi. Une foule sur la route.. Et une fanfare! Qui joue à plein tube sans s'inquiéter du noir. C'est magique! Je suis le cortège. Invisible, je n'entends pas un seul "gringo!" pour une fois. Je demande encore mon chemin, puis tente différentes options... Il y a de plus en plus d'ombres dans les rues, je ne dois donc pas être trop faux. Soudain quelques enseignes se rallument. Gaston a débranché sa guirlande bricolée "maison"..! Les ombres redeviennent des boliviens, les étoilent disparaissent, les carrefours encolonnés retrouvent des feux que personne ne respectent, et je me découvre en plein marché, dans une rue piétonne encombrée d'étalas. A côté de moi un "Alojamiento" s'illumine. Et le court des choses reprend le normal.
Une demi-heure de pure magie.
Merci Gaston, si seulement tu pouvais brancher ta guirlande de temps en temps en Suisse aussi...

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