lundi 2 juin 2008

Argentina

Déjà trois semaines que j'y roule. Et beaucoup d'impressions..

D'abord l'émotion d'y entrer. Car en vélo, les distances ont repris leur vraies dimensions: être en rase campagne, dans une jungle ou un désert; inspirer a pleins poumons, puis expirer et sentir l'espace s'étendre autour de soit! Ça rassure.. le monde est vaste. Alors dans ce contexte, atteindre l'Argentine depuis le Mexique, ça fait un petit bout! Et pendant tout ce temps l'objectif devient fictif, prend des allures éthérée, devient impossible, ou secondaire. Puis on finit par y arriver quand même.. sans s'en rendre compte.. Je suis encore sous le choc.

Un mélange d'Italie, de France et d'Espagne, dans un pays immense et magnifique.

L'émotion d'y arriver, et l'angoisse de voir le bout du voyage s'approcher. Un mélange contradictoire auquel je ne m'attendais pas. Pour la première fois depuis de longs mois, rouler avec un but concret. C'est moins grisant qu'auparavant, la fatigue réapparaît, les courbatures aussi. Je pensais pourtant m'en être débarrassé. Alors il faut se rassurer en explorant les merveilleuses "Heladerias" d'Argentine. Leurs glaces valent a elles seules le voyage. Imaginez 12 sortes de chocolats, 8 sortes de dulce de leche, et tous les fruits avec ou sans crème qu'on puisse inventer. La pause glace devient fictive, prend des allures éthérées, devient impossible, ou secondaire.. Je suis encore sous le choc.

Et puis l'Argentine est en plein conflit social. Quel était donc le dernier pays traversé qui n'était pas en conflit social? Me souvient plus. Ici c'est "El conflicto con el campo", autrement dit le conflit avec la campagne. Le gouvernement veut encore augmenter les taxes, jusqu'à plus de 50% des revenus de l'industrie agropecuniére (!) Les intéressés sont donc en grève, bloquent les routes, et font de longs discours dans la presse. Toute une histoire qui dure depuis bientôt trois mois et qui fait le deuxième sujet de conversation des argentins.- Et mon avis sur la question, un de ces soir a l'Evech'..-

Car le premier sujet de conversation est indétronable, c'est le football.. L'inévitable, le perpétuel, que dis-je, l'éternel football. Et je peux vous assurez que ce que vous allez subir en Suisse au mois de juin, n'est rien comparé a la fièvre latine. Du pain et des jeux disait l'autre. Et impossible d'éviter de mentionner le célébrisime club de Buenos Aires: El Boca Junior. Qui draine à lui seul la moitié des fans de foot de toute l'Argentine. Et qui gagne même quand ce ne sont que les remplaçants qui jouent. En ce moment même en demi-finale de la Copa Libertadores (coupe interclub de toute l'Amérique latine). Ici c'est plus qu'un mythe, c'est un club fictif, qui prend des allures éthérées... Mais je me suis remis du choc.

Et puis il y une dizaine de jour, en pleine pampa, un vent de face s'est levé. D'abord doucement, puis un peu plus fort, puis très fort, puis tempétueux a décorner les boeufs argentins. Je marchais donc sur le bas-côté quand mon pneu avant s'est aplati.. Verdict: une trentaine de crevaisons par roue; une sorte de graine épineuse bien connue ici, et que maintenant je connais aussi.. Après ça pendant que je réparais patiemment mes chambres à air, le vent a renversé le vélo cassant le pied et le rétroviseur.. Le début d'un effet de réaction en chaîne. Ça m'est déjà arrivé plusieurs fois. Le secret pour s'en sortir, c'est garder son calme.. Ce soir-là, j'ai vu le coucher de soleil depuis le pont d'un camion. Puis en quelques jours le temps a passé de 35 degrés à l'ombre bien sonné, au gel et à la neige. Ici, quand le temps change, ça rigole pas! L'hiver s'annonce rude en Argentine, mais je vais éviter le choc..

Le retour s'annonce. Mais pas à cause de la météo, car la neige j'aime bien... Mais les finances sonnent l'alarme depuis un bon moment déjà. Eternelle condition incontournable de notre monde civilisé.. Je serai donc au lac pour les cerises, et même pour le solstice d'été. Préparez les caquelons et les chopines, j'aurai du retard à rattraper!

Abrazo de Argentina

avec un copain autostopeur, depuis le pont d'un camion..

1 commentaire:

Anonyme a dit…

On t'attend, galopin, les bières sont au frais, je les achète cet après-midi, et on te les garde... Rassure-toi, Lausanne va pas mal non plus, tout le monde n'a pas déserté, Xavier est rentré, et on est pas mal à t'attendre (un peu intéressé, mais pas que).