Ca s'est passe le 8 mars dernier, le lendemain de mon arrivée a Quito. Pour la journée mondiale de la femme, la fondation "Casa de la Danza" organise le VI festival internacional "Mujer en la Danza" consacré cette année a la mujer migrante. Je l'ai appris par une grande affiche sur le Teatro Nacional, qui indiquait 8 marzo, 20h, entrada libre. Moi qui aime la danse je m'y suis donc précipité. En prenant soin de donner un petit coup de rasage a mon allure de cycliste en voyage.. Mais rien dans mes bagages ne ressemble a ce qu'il faudrait porter pour sortir en grandes pompes, je n'ai que mon pantalon de montagne qui porte les traces des dernières semaines de voyage, mes basquets bon marchés qui commencent a s'user, ma veste polaire rouge et mon K-Way de vélo bleu. On ne peut pas dire que ce soit le meilleur moyen de passer inaperçu au théatre; mais c'est pas ça qui m'empêchera de voir un spectacle de danse en Equateur.
J'entre donc dans le théâtre peu avant le début du spectacle. Grande ambiance, le gratin de Quito s'y est donné rendez-vous. Je me faufile vers les escaliers d'accès, paye l'entrée suggérée d'1 dollars, puis tente d'accéder au parterre a gauche. Complet. Le groom m'invite à monter au balcon. J'acquiesce, mais tente tout de même a droite avant de monter. On me laisse passer. Brouhaha de début de spectacle, la salle est pleine à craquer, je descends l'allée en donnant l'impression de savoir ou je vais, tout en supervisant les places libres. Rien. Je me faufile entre les mondanités, toujours plus bas. Jusqu'a m'approcher du premier rang. Et la, tout devant, magnifique, 3 places de libres, quelques pas et je prends celle la plus au centre. Il est l'heure, le spectacle devrait commencer. Avec ma taille inhabituelle, et mon K-way bleu, je sens tous les regards dans mon dos. Peu importe, il va faire bientôt nuit je pense...
Mais pas du tout! Le spectacle commence par l'apparition d'une dame en grande robe blanche, qui s'avance sur scène micro à la main. Plusieurs caméras surgissent a sa suite. Elle annonce le gala d'ouverture du VI festival internacional "Murer en la Danza". Le gala d'ouverture! Je ne m'attendais qu'a un spectacle, mais ca sonne bien. Puis elle entame un grand discours, et remercie les personnalités présentes; a commencer par.. le ministre de la culture équatorien. Boum, les cameras se tournent sur le type assis a quatre siéges de moi!.. Puis elle continue.. Madame la ministre (j'ai oublie de quoi).. hop! les cameras se décalent d'un siège dans ma direction.. Autre madame la ministre.. hop! a deux sièges du mien... Monsieur l'ambassadeur d'Argentine.. hop! a un siège du mien. Il ne reste plus que ma voisine avant que ca vienne sur moi.. Mais je suis sauvé par une fanfare qui commence du fond de la salle; l'hymne national équatorien. Tout le monde se lève et chante en coeur. Les cameras prennent du champs et balaie le premier rang. Moi qui voulait passer inaperçu... Je commence a être pris d'un fou rire contenu en imaginant le burlesque de ma propre situation.. en K-way bleu (que je n'ose pas enlever malgré la chaleur, c'est toujours plus discret que la polaire rouge que je porte dessous), 3 têtes plus haut que tout le monde, au milieu de la moitie du gouvernement équatorien, le seul qui chante pas du premier rang, sous le feu des cameras... Fin de l'hymne. On se rassoit. C'est le tour des discours qui commence. Le ministre de la culture d'abord. Il prend le micro, puis, aidé d'un vieux bonhomme, hisse un grand drapeau blanc que je n'avais pas vu sur le coté de la scène. "Excusez-moi de ne pas avoir de discours prepare pour cette occasion (tu parles, il enchaine pendant au moins 15 minutes), Gracias al Presidente Correa pour sa présence d'esprit et pour l'image qu'il vient de donner au monde d'un pays qui sait pardonner pour faire la paix" (cette soirée a lieu le lendemain de la réunion de l’OEA, ou les présidents bolivariens se sont réconcilies suite a la quasi déclaration de guerre qui avait suivi l’assassinat par l’armée colombienne du chef FARC Raul Reyes en territoire équatorien, incursion totalement illégale). Puis, second discours, la ministre a trois siege du mien. Elle semble emue, et insiste beaucoup sur l'identité nationale. Puis la ministre suivante, qui parle enfin un peu de la condition de la femme. Et ca enchaine, remises de doctora honoris causa a plusieurs femmes. Congratulations réciproques, distributions de fleurs, embrassades.
Personne ne m’a demandé de faire un discours. Mais si cela avait été le cas, j’aurais souhaité demander si le choix de la compagnie israélienne qui a ensuite ouvert le festival était intensionnel. Car personne n’en a parlé, et pourtant, voir ces 4 danseuses pendant plus d’une heure en dessous de cet immense drapeau blanc ne m’a pas paru anodin.
A la fin du spectacle, en remontant l'allée, j'ai vu les panneaux passés involontairement en descendant... Ca commencait par invitados especiales, puis plus bas embajadas, puis participantes et finalement gobernio. Etannant qu'on n'ait pas arreté dans ma course..
Personne ne m’a demandé de faire un discours. Mais si cela avait été le cas, j’aurais souhaité demander si le choix de la compagnie israélienne qui a ensuite ouvert le festival était intensionnel. Car personne n’en a parlé, et pourtant, voir ces 4 danseuses pendant plus d’une heure en dessous de cet immense drapeau blanc ne m’a pas paru anodin.
A la fin du spectacle, en remontant l'allée, j'ai vu les panneaux passés involontairement en descendant... Ca commencait par invitados especiales, puis plus bas embajadas, puis participantes et finalement gobernio. Etannant qu'on n'ait pas arreté dans ma course..
Pour terminer la petite histoire, deux jours plus tard, sur la Plaza Grande de Quito, j'ai attéri par hasard au milieu d'une foule qui écoutait un discours présidentiel. Probablement le retour de la tournée diplomatique. Et en m'approchant du balcon, j'ai souri en reconnaissant ma voisine de l'autre soir, debout derriere le président.
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